jeudi, mars 16, 2006

rapport du rassemblement

voila! le rassemblement a eu lieu le 14 mars. malheureusement il y avait une crue de la Seine et on n'a pas pu tenir notre rassemblement devant le cedre de Samir Kassir, donc on l'a finalement tenu sur le parvis de l'hotel de ville. il faisait -2 degres. peut etre meme plus. les bougies s'etaignaient tout le temps. les jeunes socialistes francais sont venus nous soutenir et ils etaient tres gentils. au total on avait dans les 120 personnes.
je joins le mon discours que j'ai dit hier.
bien sur, la gauche democratique est fauchee et au lieu de super installation son on a eu droit a un megaphone.... bon au moins c'est notre premier achat! (le PS francais aurait bien voulu nouc preter une installation mais bon ils avaient tout donne aux manif de cpe... :-) )
quels temps vivons nous!

Discours 14 mars 2006

Hôtel de ville de paris

Chers concitoyens, chers amis du Liban,

Lorsqu’on veut se rappeler un évènement, on se le commémore naturellement par le nom du lieu où cet évènement s’est passé. Nous nous souvenons de Dien Bien Phu, de Dachau, de Sabra et Chatilla, de Verdun, de la baie des cochons, de Waterloo. Lorsqu’on veut célébrer l’avènement d’une nouvelle ère, on s’y réfère alors à travers une date telle le4 juillet, du 14 juillet, du 11 septembre 1973, ou du 11 septembre 2001 et de tant d’autres.

Bien sûr tous ces évènements ne sont nullement reliés les uns aux autres, certains sont des défaites, d’autres sont des victoires. Ils se passent dans des pays différents, à des temps différents. Ce qui est indéniable c’est qu’ils font tous partie de nos mémoires collectives et de celle de l’Histoire. C’est leur point commun.

Dans le conformisme des calendriers internationaux, des centaines voire des milliers de dates inconnues tentent de sortir de l’oubli et de l’anonymat pour se faire une place bien méritée au soleil de la reconnaissance. Le 14 mars est une date à jamais rentrée dans le calendrier collectif du peuple libanais. Date à laquelle la rue libanaise s’est enflammée pour enfin se libérer du joug du silence et de l’occupation. C’est la date à laquelle une passion neuve a brûlé dans nos cœurs y plantant des espoirs nouveaux et un regard certes inquiet mais confiant envers un avenir libre et indépendant.

Et lorsque la date du 14 mars se conjugue à l’évènement du printemps de Beyrouth, autrement connue comme l’Intifada de l’indépendance, nous nous retrouvons alors les gardiens d’un lourd et précieux héritage que nous nous devons de préserver de toutes nos forces. Un héritage de paix et d’indépendance, et une promesse de protéger la vie en s’inspirant de la vie et en laissant vivre les mémoires.

La vie nous allons la préserver en honorant ta mémoire Samir, Samir Kassir père discret et humble, mais ferme et confiant du rêve libanais d’indépendance.

Quand un an plus tard la révolution peine à maintenir le cap et que les rêves battent de l’aile devant la lâcheté des uns et l’impuissance des autres je t’imagine Samir posant sur nous un regard triste.

Je ne t’ai malheureusement pas connu en personne et lorsqu’on m’a proposé de faire ce discours, des dizaines d’idées politiques, nerveuses, révolutionnaires, coléreuses, tristes, contestataires se sont entrechoquées dans mon esprit… puis je les ai effacées et j’ai décidé de laisser librement parler le moment.

Qu’aurais tu pensé aujourd’hui toi qui est mort pour tes idéaux ? Comment allons nous faire pour ne pas les décevoir ? Pour faire grandir, bien élever et puis laisser voler de leurs propres ailes les idées que tu as enfantées telles des enfants fragiles et doux qui deviennent grands et responsables ?

Comment faire de tes rêves et de tes visions des réalités ? Comment faire pour que le 14 mars soit une victoire qui rentre dans les annales de l’histoire et dans le calendrier des dates décisives qui ont ouvert des ères nouvelles ?

Comment entamer notre ère nouvelle ?

Un an plus tard donc, sur le parvis de l’hôtel de ville de Paris, loin de Beyrouth et de l’innocence des premières manifestations, nous nous retrouvons livrés à nous même, confrontés à des géants.

Aujourd’hui tout ce que nous demandons pour commencer c’est le départ des usurpateurs quels qu’ils soient. C’est la place qui devrait être faite pour les âmes battantes qui mèneraient ce pays vers une banquise de démocratie, de paix, de renouvellement. Où l’état sera au service du peuple, douce utopie et où le peuple respectera son état et l’élira avec honneur et conviction.

Aujourd’hui nous nous demandons pourquoi est-ce que l’enquête pour l’assassinat de Samir Kassir ne progresse t-elle pas ? Pourquoi est-ce tellement difficile de dévoiler la vérité pour qu’enfin nous puissions continuer son combat dans la paix et la légitimité ?

Je terminerai par un extrait de texte que Léo Ferré avait écrit pour Salvador Allende et qu’aujourd’hui je dédie à Samir kassir, il lui dit : « ne plus écrire enfin attendre le signal, celui qui sonnera doublé de 1000 octaves, quand passeront au vert les morales suaves, quand le bien peignera la crinière du mal, quand les voteurs votant se mettront tous d’accord, sur une idée sur rien pour que l’honneur se taise, quand il y aura des mots plus forts que les canons, ceux qui tonnent déjà dans nos mémoires brèves, quand les tyrans tireurs tireront sur nos rêves, parce que de nos rêves lèvera la moisson quand les tueurs gagés crèveront dans la soie, qu’ils soient présidents de ci ou général de ça, quand la fureur de vivre aura battu son temps, quand l’hiver de travers se croira au printemps, c’est alors c’est alors que nous nous réveillerons. »

Samir nous ne t’oublions pas, et nous ferons notre possible pour faire du 14 mars une date mémorable et digne au nom de la démocratie, de l’égalité et de la liberté.

Merci.