lundi, mai 15, 2006

VOYAGES



extrait de "l'amour et les loups de Dieu"

J’ai une idée fixe. Rentrer chez moi. Mais mon chez moi n’existe pas. Rentrer chez moi c’est une rupture avec l’espace et les gens. C’est le pouvoir de me retirer en moi.

Mes idées fixes varient entre les mêmes thèmes. Partir loin, rentrer chez moi et finalement ça se rejoint.

Je me demande pourquoi et surtout comment il y a-t-il des personnes qui s’aiment, qui se tiennent par la main sans se poser trop de questions, sans se quitter deux jours après.

Comment les gens arrivent-ils à dormir, à se réveiller.

Tous les soirs se ressemblent quand la lumière tombe. Parfois un air familier flotte entre les pays et les rend identiques.

Des petits moments de paix éphémère qui se glissent entre nos spleens et nos peurs. Alors pour un moment le temps s’arrête.

Nos lendemains sont parsemés d’étoiles qui doutent. Qui mutent. Qui grossissent comme des tumeurs. Sont-elles bénignes ?

Mes doigts jouent lentement avec une mèche de mes cheveux et mes yeux chavirent.

Je me vois dans le reflet du regard des autres.

J’ai souri à l’homme assis sur la table d’à côté.

Il est beau.

La nuit est mienne. Ne bougez plus. Mon exil est tenace.

Mon exil est permanent. Dans mon pays j’étais en exil. En dehors de mon pays je suis en exil, tout le temps je suis en exil. Mais qu’il est doux cet exil quand un parfum de tous les là bas vient frôler ma vie et mes matins et mes promenades étrangères et mes dérives identitaires.

A une vitesse vertigineuse, des roues se glissent sur les asphaltes des chemins et les asphaltes de la vie. Il y a toujours quelque part un vent qui frappe allègrement les âmes riantes et perdues.

Il va falloir réinventer nos vies. Il va falloir recapturer tous les sourires perdus et semés aux quatre vents. Ceux donnés par les autres mais qui finissent par s’évanouir avant même de commencer à parler, entre les arrêts des métros et les descentes et les montées; les sourires qui se perdent avant même d’avoir commencé à parler.

L’ennui est assassin.

Les métros sont des canaux profonds où coulent les rêveries des hommes. Où vagabondent les pensées dans des tunnels sombres, sous des flots de musique, des flots de mots, des flots de pluie ou de soleil ou de nuages ou des murs noirs de crasse selon les rails et les directions.

Vers de terre.

Les hommes dans le métro je les regarde et je leur invente des vies. Ils sont mariés, ils sont en couple, ils sont divorcés, ils sont veufs, ils sont en union libre, ils sont célibataires, ils sont homosexuels.

Et si l’un de ces hommes était l’homme de ma vie, ou du moins l’homme d’un moment de ma vie ?

Si les gens dans le métro ne se parlent jamais, alors comment on va faire, l’homme de ma vie et moi pour se rencontrer et non seulement se croiser ?

Alors je souris. Et je suis la seule dans le métro, à sourire pour rien. A sourire à ma solitude, à sourire à la musique permanente et fidèle qui tombe dans mes oreilles ; un millier de dialogues. Je me souris à moi-même parce que les autres quand ils vont me sourire je serais déjà descendue à une quelconque station, quand ils voient mon sourire, ils détournent leurs yeux et quand ils rencontrent mon regard, ils baissent la tête.

11 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Merci Hoda pour cette portion de réflexions, ces sourires donnés et perdus et de cette balade en métro traversée de visages d'hommes

1:40 PM  
Blogger Hoda said...

je t'en prie innee! ca fait plaisir de te voir ici. c Jean marc qui t'a passe l'adresse du blog? en tout cas c'est genial que tu passes. et merci pour ton commentaire. alors a bientot!

2:14 PM  
Anonymous Anonyme said...

Ton adresse est indiquée sur ton messenger. Mais la première fois que t'ai visité c'est en passant par chez Harry Steed

Tourlou!!

Innée

3:38 PM  
Anonymous Anonyme said...

Tu comptes déménager, Ho ? À Paris ou ailleurs ?

3:57 PM  
Blogger Hoda said...

a paris en principe. je vais attaquer ma these puis paris moi je l'adore!!!!!
je vais demenager et aller en colocation avec une autre jeune etudiante polonaise. elle est geniale. c'est l'ex colocataire de Damian le voisin dont je parle dans le blog.
et voila!
et toi? a quand on va te voir a paris miss oph?

10:58 PM  
Anonymous Anonyme said...

Hi Hod.
Ca va? J'étais en déplacement (Zurich,Aarau,Olten,Oberentfelden,London and co...)
Donc ça fait un moment ke g pas lu ton blog....
Ca va? Ton blog dit oui... non... oui... mais non. bien sûr que oui... ou .... Chias pas. Zahha2né w ma 3am bi arrer !!!!
Yalla, bye. A un de ces jours, à Paris, Zurich, Olten, Oberentfelden, London, Lille, Toulouse ou autre....... :-P

3:43 PM  
Blogger Hoda said...

L.I mon anonyme :-),
deja a un de ces jours a paris quoique moi zurich j'adore!
tu sais ne t'inkiete pas mon blog ne reflete pas necessairement mon etat d'ame du moment meme. mais un etat d'ame par lequel j'ai du passer. mon blog ne dit pas tout le temps ce que je ressens. ce n'est pas mon journal intime heureusement!
c mon lieu pour vous raconter des choses et surtout etre super contente d'avoir vos reponses.
je te fais plein de bisous
ho

9:49 PM  
Anonymous Anonyme said...

Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

6:47 AM  
Blogger Hoda said...

Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

2:46 PM  
Anonymous Anonyme said...

Il voit la larme et a honte de son existence. Il voit la larme, et a honte de continuer à exister. Le whisky est un ami fidèle. Il ne pose pas de question, il n'a pas besoin de séduction, ni de promesse de lendemain, ou d'autre chose. L'effort pour l'obtenir se mesure en euros. Pour un économiste, la courbe d'indifférence n'est pas dure à retracer. Mais le sentier des larmes est trop sinueux pour le pauvre apatride que je suis, surtout lorsque ces larmes refusent de couler, ou du moins lorsque les larmes coulent plus difficelement que le whisky.
Chacune de tes larmes est une nuit d'insomnie pour mon coeur écartelée. Nul serment n'est aussi sincère qu'une promesse jamais tenue. Et à propos de promesses, les miennes, je parle de promesse bien sûr, je ne les tiens jamais.Tes larmes résonnent comme un rire, dans ma nuit, car la logique est un mensonge. Ma brune sait voler. Et toi, tu es une louve, une reine de steppe. Vous deux constituez le seul bagage du loup bleu. Que viens faire Appolinaire dans tout ceci? Apploninaire s'impose. Donnons lui raison, surtout lorsqu'il sort du fond de la mémoire et donne l'impression de demeurer d'actualité.

"Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l'onde si lasse

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

L'amour s'en va comme cette eau courante
L'amour s'en va
Comme la vie est lente
Et comme l'Espérance est violente

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure

Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure"

Le pont Mirabeau est une horreur ineffable, en acier. P.P s'en va comme cette eau courante. P.P est triste. Mais Madame H est l'amour de sa vie, celle qu'il ne pourra jamais raconter. Veux-tu lui pardonner sa cécité ou du moins sa myopie?

P.P

4:13 AM  
Anonymous Anonyme said...

Chère Hoda,
J'étais passé juste avec l'envie de vous dire bonjour, de vous faire un bisous et vous faire un sourire. En prime je tombe sur un texte merveilleux, un état d'âme dont la date à peu d'importance...
Vous écrivez divinement bien et c'est un plaisir de vous lire. Merci.

Harry Steed

11:16 PM  

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