lundi, août 25, 2008

Journal de Bord Liban. Bribes de ville













Les murs de ma ville sont invariablement cassés. Aucune ville libanaise ne porte des murs lisses que lisses. Et s'ils ne sont pas cassés, ils sont ébréchés, ou cabossés, ou alors peints ou bien sales. Et ils en deviennent d'une insoutenable beauté. Ah tiens, te revoilà Samir, collé partout sur ce mur qui a témoigné de ton assassinat. C'était là, tout à coté que ta voiture a explosé, t' entrainant dans cette sanglante mort. Et là encore, le nouveau président, à l'image déjà déchirée, aussi insipide qu'un mur neuf. Les généraux sont fait pour diriger des armées et non pas pour gérer des pays. Et pourtant, pourtant les murs de ma ville portent tous ces stigmates, héroïquement, sans ciller, sans dire un mort. Seulement, il se cassent un peu plus, vieillissent un peu plus, se taisent un peu plus et s'écaillent pour essayer de s'ébrouer.