lundi, août 18, 2008

Journal de Bord Liban. Jour 25: 15 Aout



















Les réveils après les nuits torrides sont souvent amers. ils ont un gout d'inachevé. un gout de solitude. une euphorie qui tombe et on a alors l'impression de ne plus être les rois et reines. La lumière du matin est trop blanches et nos rêves alors se brulent. les paillettes ne brillent plus, les yeux ne chavirent plus et on se demande à quoi bon?
Alors pour changer, j'ai pris mon troisième œil et pour la première fois en 25 jours, je me suis offerte une virée solitaire dans le centre ville de Beyrouth. Je me suis garée et j'ai marché. Doucement comme quand on visite une vieille amie. Ce centre ville refait et déjà tourmenté. On m'avait tellement de fois parlé du Balad, celui d'avant la guerre, sa vie, son dynamisme, son souk, ses cabaret et sa popularité. Un écho, meme pas une image. Moi le centre ville que je connais, est un espace détruit qui du jour au lendemain a été reconstruit d'une manière tellement violence que la mémoire en fut assassinée. la place fut cédée à des lieux sans ame, sans histoire ni histoires. Le centre ville était devenu un souk d'un autre genre. En marchant sur les pavés, j'ai pensé aux morts enterrés là dessous, j'ai pensé au vestiges archéologiques que la fureur de l'économie libérale a préféré garder enfouis. J'ai pensé à Mars 2005 lorsque le peuple a investi la Place des Martyrs, ce moment quand les politiciens n'avaient pas encore récupéré l'action. Puis j'ai pensé au Sit In du Hezbollah. Aujourd'hui le centre ville était encore plus Mort/vivant qu'il ne l'a jamais été. Il a gagné en saleté mais pas en ancienneté.
J'ai revisité les murs du Grand théatre. il est toujours fermé. On peut voir à travers la chaine le long passage illuminé qui a du voir passer tellement de gens. On entendrait presque Dalida rire et Oum Kalthoum tonner.Comment peux tu laisser le Grand théatre sombrer dans l'oubli? Vont-ils transformer ce patrimoine en restaurant bar boite de buit?
J'ai vu la statue de Ryad el solh et je me suis demandée pourquoi mon Dieu a t-on accordé la nationalité libanaise à Walid Ben Talal son petit fils par sa fille et on ne l'accordera pas à mon fils ou fille s'ils naissent de père étranger?
Pouquoi n'a t-on nationalisé que les kurdes qui devaient voter Michel el Murr il y a une dizaine d'années et Walid Ben Talal l'archi milliardaire saoudien de père et d'éducation???? Pourquoi?
Pourquoi les rues étaient-elles si propres???? Pourquoi n'y avait-il pas des mégots par terre? mais alors aussi, pourquoi le seul coin de vestige archéologique était-il devenu une poubelle??? Est ce parce que les visiteurs du centre ville ne regardent jamais en bas ni en arrière? Alors, comment avancent-ils???? On a tous besoin d'un rétroviseur pour arriver à destination n'est ce pas? J'ai mangé une glace et j'ai acheté des cartes postales. je me suis poudrée le bout du nez et mis du noir autour de mes yeux, puis j'ai pris la voiture, cheveux au vent, fenetres aux éclats, tout feux dehors et tout flammes dedans et je suis allée rejoindre mes amis pour attiser la nuit, l'enflammer, et l'oublier au bord du matin, grise en cendres, fatiguée mais si intensément cathartique.