PESSOA POUR MAHMOUD
Pour Mahmoud...
Pour sa ville, ma ville, notre ville, nos villes...
Je te revois encore, ville de mon enfance épouvantablement perdue,
Ville triste et joyeuse, où je rêve une fois encore…
Moi ? Mais suis-je le même qui vécut ici,
Avant d’y retourner,
D’y retourner, d’y revenir,
D’y revenir, et d’encore y retourner ?
Ou bien sommes nous tous les moi que je fus ici ou qui
Furent
Une série de comptes-etres liés par un fil-memoire,
Une série de rêves faits par moi de quelqu’un à moi
Extérieur ?
Je te revois encore
D’un cœur plus lointain et d’une âme moins a moi.
Je te revois encoreLisbonne et Tage avec le reste
Passant inane de toi et de moi-même,
Etranger ici comme partout,
Accidentel dans ma vie comme dans mon âme,
Phantasme errant a travers des chambres de souvenirs,
Au bruit des rats et des planches qui grincent
Dans le château maudit de la vie qu’il faut vivre…
Je te revois encore,
Ombre qui passe à travers des ombres et qui brille
Un instant d’une lumière funèbre et inconnue,
Et qui entre dans la nuit ainsi que se perd le sillage d’un navire
Dans l’eau que l’on cesse d’entendre…
Je te revois encore,
Mais moi, hélas, je ne me revois pas !
Il s’est brisé, le miroir magique où je me revoyais identique,
Et en chaque fragment fatidique je ne vois qu’une parcelle de moi,
Une parcelle de toi et de moi !...
Poesies d’Alvaro de Campos
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