samedi, septembre 08, 2007

Walden ou la vie dans les bois 2

Nous sommes conscients de l’animal en nous, qui se réveille en proportion de ce que notre nature plus élevée sommeille. Il est reptile et sensuel, et sans doute ne se peut complètement bannir ; semblable au vers qui, même en la vie et santé, occupe nos corps. S’il est possible que nous arrivions à nous en éloigner, nous ne saurions changer sa nature. Je crains qu’il ne jouisse d’une certaine santé bien à lui ; que nous puissions nous bien porter sans cependant être purs. L’autre jour je ramassai la mâchoire inférieure d’un sanglier, pourvu de dents et de défenses aussi blanches que solides qui parlaient d’une santé comme d’une force animale distincte de la santé et force spirituelle. Cet être réussit par d’autres moyens que la tempérance et la pureté. « Ce en quoi les hommes diffèrent de la brute », dit Mencus, « est quelque chose de fort insignifiant ; le commun troupeau ne tarde pas à le perdre ; les hommes supérieurs le conserve jalousement. » qui sait le genre de vie qui résulterait pour nous du fait d’avoir atteint à la pureté ? Si je savais un homme assez sage pour m’enseigner la pureté, j’irais sur l’heure à sa recherche.

Henry David Thoreau; Walden ou la vie dans les bois, 1854