lundi, juin 02, 2008

Fatal 2 juin


Samir n’est plus. Il n’est déjà plus depuis 3 ans. Il n’a pas été témoin de la période post Intifada de l’indépendance. Il a été assassiné l’espoir encore dans son cœur et dans celui de tous ceux qui l’ont partagé. Certains pensent que si Samir était encore vivant une grande partie de tout ca n’aurait pas eu lieu. Voire tout. D’autres, moins idéologiques, pensent que Samir aurait sauvagement pris partie contre le Hezbollah, ou contre le gouvernement, ou contre la Syrie, ou contre Atallah ou contre le soleil ou contre le vent qui se lève ou pour. Ou contre. Ou pour. Ou contre. Mais non. Personne ne pourra jamais savoir ce qu’aurait fait Samir, ce qu’il aurait dit, ce qu’il aurait écrit. Peut être même, qu’il aurait placardé son passeport et serait venu se refugier à Paris pour oublier ce peuple de fous, vous voyez, toutes les suppositions peuvent être imaginées. Mais Samir n’est plus. Il n’est plus déjà plus depuis 3 ans. Au delà de sa mémoire et de son souvenir, ne nous reste surtout que ses enseignements. C’est curieux à quel point lorsqu’un grand homme disparait, on cultive sa mémoire jusqu'à la saturation du visuel mais plus personne ne le lit.

Si on avait relu et adapté Marx ou Lénine au temps qui passe et qui évolue qui sait ce que serait advenu du communisme ?

Aujourd’hui, l’espoir est en piètre état. Nous l’avons échangé contre l’oubli. Libanais peuple de l’espoir et de la renaissance sont devenus peuple du comment nettoyer et oublier au plus vite. Comment leur en vouloir ? Puisque les libanais restent le seul peuple du Moyen Orient et du monde arabe à avoir soulevé une révolution populaire pacifiste solidaire sans armes qui a tenu jusqu’au retrait de l’armée syrienne occupante. Brève révolution, couteuse révolution, mais Oh combien valorisante et porteuse d’avenir.

Le seul cadeau que nous pourrons offrir pour le repos de Samir, serait peut être de devenir démocrates, de penser plus loin que le bout de notre nez et des évènements. Ce serait de continuer, infaillibles, à construire notre mouvement dans le sens d’une gauche sociale équitable mesurée visionnaire et d’une démocratie nationale qui regroupe dans son sein toutes les différences, sous la protection d’une seule et unique armée et sous le regard juste d’un chef d’état élu et non choisi.

Samir n’est plus. Mais ce qu’il a été reste. Alors ne le laissons pas mourir.