La mort du pigeon
extrait de "l'amour et les loups de Dieu"
Il a été foudroyé. Terrassé. Comme s’il avait eu une crise cardiaque. Comme un homme qui meurt sur le coup. Et moi je ne faisais que marcher sur les trottoirs de Paris comme tous les jours. Il est descendu en piqué en face de moi en faisant une diagonale du ciel vers la terre.
Le pigeon est tombé et s’est fracassé par terre devant mes pieds et devant mes yeux. Certaines de ses plumes gisaient en touffes à côté de lui.
Il a ouvert les yeux et ouvert son bec. Il a exhalé son dernier soupir. Je l’ai presque senti frôler mon visage avant de s’élever dans l’air. Puis il a roulé ses yeux et il a tressauté une dernière fois puis il a fermé ses yeux et il n’a plus bougé. Tous les autres pigeons se sont envolés et sont allés se poser un peu plus loin dans le jardin de l’église St Médard. Je suis restée là à le regarder. Une mort en direct. On meurt tous de la même façon. Les bêtes comme les hommes et les hommes comme les bêtes. Qu’on en déduise ce que l’on veut.
Je n’ai pas touché au pigeon. Si dans leurs traditions de pigeons, les pigeons ne ramassent pas leurs morts pourquoi moi je le ferais. Ce n’est pas mon job. Il est mort. Il n’est plus qu’un tas de plumes.
Un pigeon comme tant d’autres auxquels j’ai donné plein de coups de pieds.
En plus, les pigeons c’est des rats volants n’est ce pas ?
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